Les Regrets

Église Saint-Germain-des-Prés

“ Malheureux l’an, le mois, le jour, l’heure et le point ”

Joachim du Bellay - Introduction par Julie-Christine Krøvel

Joachim du Bellay est un écrivain français qui a utilisé la langue française pour sa structure et sa richesse plus que ses collègues. C´était aussi un écrivain français très influencé par le Latin et par la langue française. Il est principalement connu pour avoir posé le principe selon lequel tout sujet doit être accessible à la langue française (« Illustration de la langue française », 1549), il a ainsi montré un sentiment national et la richesse de sa langue, notamment dans « Les Regrets ». Beaucoup de personnes considéraient une œuvre poétique écrite en latin supérieure à une poésie écrite en français, face à cela, il s´agissait pour les auteurs du 16e s. de vaincre ce préjugé défavorable à la langue française. C'était une période remplie de richesse et de changements après le Moyen âge, où la langue française fut entièrement dominée par le latin. Joachim du Bellay est né en 1522 dans le château de La Turmelière. Il devint orphelin de ses parents avant qu'il n'ait 10 ans. Si l'on en croit les propres proclamations de Joachim du Bellay, c’était une enfance triste et solitaire, dans le manoir paternel de la Turmelière. Il devient ensuite un adolescent fragile qui apprend à se recueillir dans la solitude des forêts et à rêver sur les bords de la Loire.De notre temps, la nature a beaucoup changé, mais à travers son œuvre il est facile de comprendre qu’il voit son environnement comme un endroit d´inspiration et de rêves : imaginant les grands arbres, de grosses branches et des forêts vertes autour de l´Anjou et de la Loire. C’est aussi exactement comme la Renaissance montrait la beauté et la richesse de la nature nous entourant, à travers la littérature, le développement de la langue et des Beaux-arts. La période de la Renaissance était une période dans laquelle le but était d’obtenir et de développer un style personnel, avec certains modèles de la période de l’Antiquité. On retrouve notamment le thème de l’enfance, de l’aventure personnelle, de la confidence, des thèmes d’ailleurs présents de manière privilégiée dans l’élégie et la poésie amoureuse.

Joachim du Bellay a étudié le droit à Poitiers vers 1546, c’est là où il a fréquenté pour la première fois le milieu des poètes français et où il rencontra plus tard le poète Ronsard, à la base de sa vocation poétique. Il partira ensuite avec lui à Paris où il se mit sous la direction de Dorat, principal du collège de Coqueret. En 1549, il fit paraître « Défense et illustration de la langue française » qui prenait le parti du mouvement de la Pléiade regroupé autour de Ronsard. Même si c’était Pierre de Ronsard qui était à la tête de ce groupe, du Bellay était renommé pour sa façon d’écrire. Même en suivant le modèle et la tradition de Pétrarque (« L’Olive »), du Bellay montre une voix personnelle contrairement aux autres membres de ce groupe. La Pléiade » est considérée comme la première représentation de la poésie de langue française. C´est elle qui a relancé la forme de vers en Alexandrins, avec des rimes, et des couplets masculin et féminins, qui devint la forme dominante des poèmes du seizième siècle.

"Les Regrets" est un recueil mélancolique plein de déception, dedans, il exprime son désir de rejoindre son pays natal, décrit de façon sous-jacente, comme une sorte de nostalgie pour un temps passé et la tristesse pour le pays qu´il a quitté.

D´une santé fragile, Joachim du Bellay partit pour Rome afin de devenir le secrétaire de son oncle. Il y resta pendant quatre ans et ce fut un choix malheureux pour lui.

Du Bellay utilise les sonnets pour souligner son désir avec certaines irrégularités comme ne pas avoir envie de suivre le modèle typique des sonnets. De fait, la souffrance est donc la passion qui nourrit l’œuvre des Regrets. Certains signes reflètent son désir, mais à travers les sonnets cela cesse d’être un signe de désir et au lieu de cela, il lance une attaque cinglante sur la façon dont l’Italie l’a transformé. Il a estimé qu'il n´y contrôlait plus sa vie comme il l'aurait souhaité en raison de forces bienveillante au pouvoir, qu´il n´y était plus maitre de sa vie comme il l'avait prévu. Contrairement à la France où il pouvait méditer autant qu'il le souhaitait, il avait maintenant perdu sa liberté, en Italie. La situation du Bellay est compréhensible à la lumière des événements qui se sont déroulés en France et en Italie à son époque. Il avait espéré que l'Italie, berceau de la Renaissance, nourrirait son âme et son désir d'illumination. Cependant, il fut déçu en apprenant que malgré les progrès en matière d’illumination, l’Église romaine exerçait toujours une influence sur la vie des gens et qu’il ne pourrait pas vivre avec la liberté qu’il avait imaginée.

« Malheureux l’an, le mois, le jour, l’heure et le point, Et malheureuse soit la flatteuse espérance,

Quand pour venir ici j’abandonnai la France :

La France, et mon Anjou, dont le désir me point. Vraiment d’un bon oiseau guidé je ne fus point, Et mon cœur me donnait assez signifiance

Que le ciel était plein de mauvaise influence Et que Mars était lors à Saturne conjoint. »

Sonnet XXV

Dans le sonnet XXV le thème principal est l’absence de la France. Du Bellay regrette d´avoir quitté son pays natal, la description de sa nostalgie est grandement soulignée par ses descriptions précises. Premièrement, en utilisant « Anjou », en référence à la France qu’il désire de tout son cœur, deuxièmement par une métaphore assurant qu’il ne fut pas un bon oiseau guidé, au contraire mais un ciel de mauvaise influence.

Les Regrets a été écrit à Rome, en Italie, de 1553 à 1557, et fut publié à Paris en 1558. Le thème principal est l'amour du pays natal. Dans cette période l´Italie était connue pour être le meilleur pays où vivre pour les personnes qui cherchaient la stimulation par culture et les œuvres créatives. Mais, à sa grande déception, l´Italie ne lui a jamais donné ça. Rome qu'il avait tant idéalisé dans ses rêves, l´a déçue. De retour à Paris, en 1558, il publie Les Regrets, un recueil de 191 sonnets. Il s'ennuya et souffrit de l'éloignement de son pays et des membres de la Pléiade, de même qu'il ne s'accommoda pas de son emploi ni des mœurs de la cour pontificale.

« Vu le soin ménager dont travaillé je suis, Vu l’importun souci qui sans fin me tourmente, Et vu tant de regrets desquels je me lamente, Tu t’ébahis souvent comment chanter je puis. Je ne chante, Magny, je pleure mes ennuis, Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante ; Si bien qu’en les chantant, souvent je les enchante : Voilà pourquoi, Magny, je chante jours et nuits. Ainsi chante l’ouvrier en faisant son ouvrage, Ainsi le laboureur faisant son labourage, Ainsi le pèlerin regrettant sa maison, Ainsi l’aventurier en songeant à sa dame, Ainsi le marinier en tirant à la rame, Ainsi le prisonnier maudissant sa prison. »

Les Regrets - Le Sonnet XII

Les Sonnets sont des éloges de compliments adressés à ses amis en France. Le Sonnet XII montre la tristesse de l´exil et évoque un sentiment de nostalgique. Du Bellay nous montre sa tristesse en espérant que sa misère d’exilé passera avec des pensées positives. Il utilise des métaphores et des personnifications pour expliquer sa tristesse, comme par exemple : le prisonnier et le pèlerin. Joachim du Bellay est à Rome quand il écrit ceci et Magny (Oliver de Magny, poète français) n’y étant pas, ce dernier ne peut donc pas l’entendre chanter, mais il lit en revanche son texte et constate comment du Bellay chante ses peines. Il se met dans une situation comparable à celle d'un individu qui chante pour oublier la réalité, on peut donc en effet dire que du Bellay essaye de fuir la réalité en chantant.



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